mardi 11 août 2009

Je recherche plutôt une expérimentée

Grök - Pourquoi recherchent-ils tous une folle d'amour ?

Krokine - C'est un peu normal qu'ils recherchent plutôt une fille ou une femme expérimentée.

Grök - Je ne suis pas d'accord… C'est tellement plus motivant, une femme qui est un peu timide, avec qui on va découvrir…

Krokine - A qui tu vas tout apprendre, c'est ça ? Le grand initiateur !

Grök - Mais pas du tout. Chacun va apporter son quota de sensualité… Ce n'est pas d'expériences dont il est question, mais de découvertes, d'attouchements légers, de…

Krokine - Pendant 5 minutes, et hop, à l'attaque !

Grök - Mais non ! Tu ne rencontres donc que des rustres ! (Remarque, cela ne m'étonne qu'à peine, qui se ressemblent…)

Krokine - Que disais-tu entre parenthèses ?

Grök - Tout ce qui est entre parenthèses ne regarde que moi…

Krokine - Admettons. Mais si par exemple, elle aime faire l'amour tous les trois jours, et lui tous les jours ? (Réponds si tu l'oses, grossier pré-homo-érectus).

Grök - (Cause toujours, répulsus-féminus) Tout au début, ma chère, ils s'apprécient, ils se respectent, ils adorent parler, manger, dormir ensemble... Ils vont vite trouver une manière de vivre qui les satisfera tous les deux...

Krokine - Ils vont coucher tous les deux jours c'est ça ? (Si je lui parle de modus vivendi, il ne va pas comprendre, ce n'est pas la peine…)

Grök - (Eh! eh! Attends un peu que j'ouvre subrepticement le dictionnaire…) D'abord ils vont dormir ensemble sans coucher, en se parlant, en se caressant, en découvrant leur corps... sans pénétration. Ensuite, ils se caresseront tout partout, avec la main, avec la bouche... si tu comprends. (M'étonnerais, mais bon…) Ils se caresseront encore et encore... Sans brusquerie.

Krokine - Et la fille ! Elle attend le bon vouloir du type ?

Grök - Non, au début, si elle n'est pas très à l'aise avec l'amour physique, eh bien, petit à petit, avec tendresse, il en fait une femme sensuelle. Il ne recherchait pas une grosse coquine (grosse Krokine, va !), mais une fille un peu réservée et qui se lâche car elle aime faire l'amour avec lui.

Krokine - Tu n'as pas répondu à ma question, ils couchent quand alors, pour contenter les deux parties ? (Mais regardez-le ouvrir subrepticement son dictionnaire !)

Grök - Ce n'est pas un problème, ils trouveront vite : une fois, c'est elle qui lui fera plaisir, il y a tant de façon de satisfaire son partenaire, une autre fois, ce sera lui qui lui offrira ce qu'elle recherche, tendresse, caresses ou autre -. Une sorte de mode de vie qui les contente tous les deux…

Krokine - (Je le vois arriver gros comme une maison) Un mode de vie, disais-tu ?

Grök - Une sorte de modus vivendi… si tu vois…

Krokine - (Eh voilà, il l'a sorti !) Mais où vas-tu chercher tout ça, mon cher ? Quelle culture !

Grök - Ce n'est rien. Les plus grands apprennent tous les jours… Donc, pour conclure, ils deviennent de fantastiques amants et maîtresses car ce qu'ils ont appris de leur corps, ils l'ont appris ensemble…

Krokine - Et leur passé sexuel ?

Grök - On n'en parle pas. On arrive neufs. Tout démarre lors de la rencontre. Le passé, on en parlera plus tard. On a bien le temps, non?

Krokine - Voici la seule pensée correcte que tu as sortie aujourd'hui, et sans dictionnaire. C'est bien !

Grök - Quel dictionnaire ? Ce gros machin ? C'est une cale pour mon bureau. Quelle imagination !

Krokine - Il est mignon…

Le moche et la belle

Grök - J'ai une belle histoire d'amour à te raconter…

Krokine - J'adore ça. Je t'écoute…

Grök - Une femme fréquentait un homme en "copain" (sortie, restaurant, théâtre, etc.), qu'elle trouvait, me disait-elle, particulièrement affreux. "Jamais je ne pourrai avec lui. Jamais : il est vraiment trop moche !

Krokine - Et ça a duré combien de temps ce petit jeu ?

Grök - à peu près 6 mois. Rien entre eux. Elle me disait : Il est galant, gentil, agréable, intelligent mais vraiment, non, cela ne me dit rien…

Krokine - Et toi, que lui conseillais-tu ?

Grök - Rien. Je rigolais dans mon coin, c'est tout. Je sentais bien qu'il se passait quelque chose entre eux. Mais si je le lui avais dit, elle ne m'aurait pas cru…

Krokine - Et alors ?

Grök - Et alors, un jour elle me demande : Penses-tu qu'il va se lasser ? Je ne lui offre rien.

Krokine - Ah, tu vois, elle s'est rendue compte qu'elle y tenait, à son moche…

Grök - Pas du tout, elle pense toujours que c'est un bon copain… Avec plein de qualités, qu'elle a plaisir à fréquenter, mais c'est tout.

Krokine - Que lui réponds-tu alors ?

Grök - La vérité. Je lui dis : Bien sûr qu'il en a marre ! Et tu vas le perdre. Mais ce n'est pas grave, tu en trouveras un autre pour te sortir.

Krokine - Et là, dénouement, elle se rend compte qu'elle est amoureuse !

Grök - Pas du tout. Elle déclare : " De toutes les façons, je m'en fiche, je ne l'aime pas… "

Krokine - Si elle ne l'aime pas, il faut la laisser tranquille. Ne pas forcer…

Grök - C'est exactement ce que j'ai fait. Je suis plus fin que tu le crois. Mais je rigolais bien quand même, au fond.

Krokine - Et que lui conseilles-tu ?

Grök - Je lui dis donc : C'est parfait, si cela ne te fera rien qu'il te jette pour une autre. C'est bien. C'est très bien. Et c'est tout.

Krokine - Je te connais, tu n'as pas pu t'empêcher de rajouter une petite phrase. La petite phrase qui fait réfléchir…

Grök - En effet. J'ajoutai avant de la quitter : Fais un test quand même. Pense à cette situation : Il te dit qu'il en a marre. Qu'il a trouvé une autre fille. Donc, tu ne le vois plus. Imagine cela. Tu verras bien.

Krokine - Je m'en doutais. Et alors, combien de temps après?

Grök - Je ne sais pas, quelques jours. Sûr du résultat, je l'interroge. Rouge de confusion, elle admet, comme en s'excusant, qu'elle a couché, et même qu'elle est amoureuse…

Krokine - Mais pourquoi " Comme en s'excusant ?

Grök - Parce qu'elle avait tellement affirmé qu'elle ne pourrait jamais : "C'est quand tu m'as dit que j'allai le perdre que le déclic m'est apparu : cela je ne l'acceptai pas… et je suis tombée amoureuse de lui. Il a changé de statut, d'un coup, comme ça ! "

Krokine - Réponse du grand Grök ?

Grök - Détrompe-toi, lui répondis-je, narquois, tu étais amoureuse depuis un certain temps déjà, mais tu n'en avais pas conscience, tu le refusais.

Krokine - Et ça dure, cette histoire ?

Grök - Cela fait 4 ans et elle me remercie encore. Sans toi…

Krokine - Eh bien, tu vois, pour une fois, tu as été de bon conseil. Un doute m'étreint toutefois : Le moche, c'est toi ?

Grök - Comment peux-tu imaginer une chose pareille !?

Témoignage d'un dragueur professionnel

Krokine Bon, on dit que c'est toi qui fais le dragueur pro...

Grök - Pourquoi toujours moi ? Ce n'est pas un beau rôle!

Krokine - Parce que tu es l'homme. Enfin, un semblant... Et puis, tu fais le dragueur, point. Ne discute pas !

Grök - Attends, je me mets dans le personnage. Voilà, c'est bon ! Je suis prêt. Tu peux commencer.

Krokine - Bon. Première question : Qu'appelles-tu un dragueur pro ?

Grök - Un gars qui travaille sa voix (au téléphone), qui sait ce que la femme recherche, qui devine ses besoins, qui les lui offre, et qui arrive à ses fins très vite...

Krokine - Et comment fait-il ?

Grök - Eh bien, justement, je ne fais rien. Au téléphone, je lui parle d'elle et quoi qu'elle fasse dans la vie, je lui dis que c'est formidable.

Krokine - Exemples ?

Grök - Elle a des enfants : c'est génial et attendrissant. Son boulot : cela doit être super de travailler dans ce secteur. Sa région, une des plus belles. Je la valorise sans cesse.

Krokine - Mais ça ne tient pas ! Elle se rend compte tout de suite que tu es un sale flatteur.

Grök - Tu rigoles ! Bien sûr qu'elle s'en rend compte, et me le dit. Mais je l'assure que je suis sincère. A elle de me croire ou pas, lui dis-je. Mais je lui dis aussi que je sens que cela passe bien entre nous...

Krokine - Et tu lui demandes un rendez-vous.

Grök - Non, pas encore. Je ne suis pas pressé. Elle doit le sentir, car au bout d'un moment, c'est elle qui me le propose. Je suis sympa, c'est tout.

Krokine - Bon, on va résumer. Tu la vois une fois ou deux. Elle t'invite à boire le café chez elle. Tu couches.

Grök - C'est très résumé, mais c'est un peu comme ça. Je m'habille avec raffinement, mais sans ostentation, et lui fais comprendre avec mes yeux qu'elle me plaît (mais sans avoir envie d'elle... Nuance). Je lui dis que je recherche le grand amour, et que je suis quelquefois déçu par mes rencontres... Et lui fais comprendre que... quelque part... elle correspond à cette quête. Que j'ai trouvé.

Krokine - Et pourquoi elle couche avec toi et pas avec les autres, plus... moins... direct, on va dire.

Grök - Parce qu'elle n'a pas couché depuis des mois. Et que je suis gentil, poli (son appartement est très bien décoré, ses enfants sont charmants, tout ça!), et qu'elle se dit : "Lui au moins, il ne parle pas de ses malheurs, il m'apprécie, il est sincère (!) et touchant car presque timide et gauche..."

Krokine - Tu résumes trop, là ! Cela se passe vraiment comme ça ?

Grök - Pas toujours, mais le temps joue pour moi. Je la vois, puis lui téléphone pour la remercier. Sans lui demander un autre rendez-vous. Puis encore un petit coup de fil gentil. J'ai le temps, j'en ai d'autres dans mon carnet d'adresses. Et un jour, je lui téléphone à l'heure du dîner : "Je suis dans le coin" Ce n'est pas vrai mais elle m'invite souvent à dîner. Je fonce. J'apporte une bonne bouteille et voilà : Atmosphère et confiance.

Krokine - Tu es un salaud !

Grök - Même pas. A peine opportuniste. Si ce n'est pas moi...

Krokine - Et vous êtes beaucoup comme ça ?

Grök - A peine 10 % des gars qui font du Minitel ou du chat, mais c'est nous qui couchons avec 80% des filles... Les autres se la mettent sur l'oreille.

Krokine - Et c'est pour cela qu'elles sont déçues.

Grök - C'est pour ça. Elles disent qu'il n'y a que des baiseurs ! Et elles ont raison ! Mais on ne refera pas le monde, les flatteurs ramassent et tant pis pour les autres, les francs, les purs...

Krokine - C'est le principe du mâle dominant.

Grök - Il suffit de regarder, en effet, ce qui se passe dans la nature. C'est toujours les mêmes, les plus forts ou ceux qui présentent le mieux, qui séduisent comme il faut, qui procréent. Il n'y a pas de secret.

Krokine - C'est terrible ce que tu dis...

Grök - Mais non, tout le monde peut faire comme moi. Ou alors, attendre son tour.

Krokine - Quel conseil pourrais-tu donner ?

Grök - Pas de conseil. Il faut savoir que cela existe, c'est tout. Et que c'est la vérité ! Bon, maintenant, je me remets dans la peau de Grök.

Krokine - Tu es beaucoup mieux comme ça, je t'assure.

C'est vrai ?

Grök - Nous allons jouer comme qui dirait qu'on serait de nouveaux amoureux qui se seraient rencontrés par petites annonces, d'accord ?

Krokine - D'accord, jouons, commence.

Grök - Tu sais, ma petite chérie, j'ai compris tout de suite à quel point tu allais devenir importante en mon coeur. Juste au moment où ton doux regard s'est posé sur moi, en fait.

Krokine - Moi, ce sont tes mains, douces et vigoureuses, ta démarche de grand fauve, ton sourire ravageur… Ah, j'ai craqué tout de suite.

Grök - Et notre conversation : nous avons été immédiatement sur la même longueur d'onde. Génial ! Comme si nous étions de vieux amis ! Fantastique !

Krokine - Ton charme a agit immédiatement. J'étais pantoise d'admiration, jamais je n'avais connu cela avant toi !

Grök - Et l'amour ! Cette première nuit d'amour ! Combien de fois t'ai-je prise déjà lors de cette longue nuit ?

Krokine - Deux ou trois fois, je ne sais plus, c'était trop bon! Affolant de sensualité, ton corps haletant, la puissance de ton torse, tes mots doux et caressants; j'ai cru mourir de plaisir !

Grök - C'est vrai ?

Krokine - Plaît-il ?

Grök - Que tu as cru mourir ?

Krokine - Pardon ?

Grök - Ben oui, que c'était tellement bon avec mon torse, mes mots, tout ça, que tu as cru mourir ! C'est vrai ?

Krokine - J'hallucine ! Mais il n'est pas vrai ce gars ! Bien sûr que c'est vrai ! J'ai passé une excellente nuit !

Grök - Donc, c'est vrai, donc ? Hein ?

Krokine - Oui, c'est vrai, mais ce n'était pas avec toi.

Grök - Mais tu viens de dire clairement que mon torse haletant et la puissance douce de mes mots…

Krokine - Je transposais, c'est tout.

Grök - Transposé ? Comment fais-tu ?

Krokine - Je pars d'un épisode réel qui s'est passé dans ma vie, et je le transpose afin qu'il puisse s'adapter à mon imaginaire… Sinon, tu penses bien.

Grök - Je pense assez bien quand même mais je ne comprends pas.

Krokine - Tu as voulu que l'on joue, je joue, d'accord ? Et pour jouer, moi, j'ai besoin de me rappeler certains épisodes de ma vie. Si je dois pleurer en jouant, par exemple, je me souviens d'un événement triste de ma vie, et je pleure, tu comprends maintenant ?

Grök - Je comprends pour toi. Mais moi, j'imagine, c'est tout, et ça marche.

Krokine - Normal.

Grök - Comment ça normal ?

Krokine - Ben oui, quand tu n'as pas de souvenirs, faut bien que tu inventes !

Grök - Même pas vrai, j'ai plein plein de souvenirs d'abord premièrement ! Même que ce n'était pas deux ou trois fois que nous avons fait l'amour en réalité, mais quatre.

Krokine - Quatre fois ? Explique-moi donc tout cela doucement.

Grök - Tu dormais, au petit jour, et je t'ai prise sauvagement avant de m'assoupir afin de reposer mon corps fourbu…

Krokine - T'as joué.

Grök - Non, non, sauvagement, au petit jour, avant de m'assoupir, fourbu…

Krokine - (Essayons de lui expliquer :) Tu t'es imaginé, tu as joué, tu as fait semblant de penser, tu as inventé que nous avions fait l'amour quatre fois cette nuit-là, oui, c'est ça… Regarde-moi ! Ca imprime tranquille? Ne me regarde plus. C'est mieux.

Grök - Ce n'était pas quatre fois alors ? Trois ?

Krokine - C'était RIEN du tout ! On jouait, tu comprends ?

Grök - Ne crie pas ! C'est parce que c'était si tellement criant de vérité, ce que tu disais, me concernant, de mon corps haletant… Mon torse puissant… C'est tout moi ça.

Krokine - Ne te fais aucun souci, si "cela" nous était arrivé, je m'en souviendrais, tu penses…

Grök - C'est vrai ?

Krokine - Quoi encore ?

Grök - Que tu t'en souviendrais ? De mon torse affolant haletant caressant, tu t'en souviendrais ? Tu as transposé, c'est ça ? Et dans ta transposition là, c'était combien de fois, hein ? Tu t'en rappelles ? Deux fois ? Au moins deux fois, ou trois peut-être, hein, combien ?

Krokine - Je ne m'en sortirai pas. Impossible…

La beauté intérieure

Grök - Je ne sais ce que tu en penses, mais la fameuse beauté intérieure, chère à la gent féminine, me fait bien rire. Vous vous targuez de la rechercher, mais en fait, vous tombez comme des mouches dès qu'un grand mâle altier est dans les parages…

Krokine - Je t'arrête tout de suite, mon coco, quand nous parlons de la beauté intérieure, c'est des qualités de l'âme dont nous parlons, nous n'occultons pas du tout le fait qu'un homme peut être, aussi, plaisant à regarder.

Grök - Ce que je veux dire, c'est que les femmes interrogées, dans leur immense majorité, mettent cette qualité en avant. Je te donne un exemple : les femmes, parlant de leur ex, disent : " il était beau, il plaisait énormément aux femmes, il a plein de talents, mais je l'ai quitté parce que… " Elles ne parlent quasiment jamais de leur beauté intérieure"

Krokine - Et vous, quand vous parlez des femmes, vous dites bien : " Un coup au lit, je te dis pas, un cul parfait, des seins ! Je ne te dis que ça ! "

Grök - C'est vrai, mais nous, on ne raconte pas à longueur d'articles et d'interviews que la vraie beauté, c'est celle de l'âme ! Et quand vous tombez ensuite sur un bellâtre qui vous la joue sentimental, vous vous pâmez comme une chaisière!

Krokine - Peut-être, mais vous vous êtes vus, lors d'une soirée, agglutinés autour d'une mijaurée radasse habillée carnaval en ignorant la fille sympathique mais fade. Sauf si la radasse vous jette, bien entendu.

Grök - C'est vrai que c'est nul, mais c'est comme ça, les hommes veulent les plus belles pour que les autres mâles en crèvent !

Krokine - Je te rejoins, c'est vrai pour les femmes aussi. Elles préfèrent un homme qui plait !

Grök - Pour faire pâlir de jalousie les copines, c'est bien connu. Même si c'est un con fini ! Et la copine qui se trimballe un moche doit se justifier auprès des mêmes copines. Et là, effectivement, elle parle de sa beauté intérieure, de son intelligence, de sa position sociale

Krokine - Et la fille belle mais conne, c'est bien connu. On se rassure comme on peut. Un mec bien a dit : " La femme se doit d'être belle avant que d'être intelligente " Il a raison, la moche intelligente a du mal à se faire remarquer…

Grök - On est d'accord, dis-moi, sur le fond ?

Krokine - Sur le fond seulement. Mais c'est vrai que nous sommes toutes et tous un peu hypocrites...

La femme barrage

Grök - La femme est un barrage.

Krokine - Ah oui !? C'est nouveau ça. Explique.

Grök - Comme un barrage, elle est impressionnante, dure, épaisse…

Krokine - C'est vrai qu'en matière d'épaisseur, toi tu t'y connais…

Grök - Attends, tu vas comprendre. Oui, même toi. Donc la femme paraît, comme un barrage, immense, quasiment infranchissable.

Krokine - Je ne vois pas.

Grök - Ce que je veux dire, c'est que lorsque l'on rencontre une femme, elle cache son jeu, ses sentiments si tu veux. Comme une sorte de barrage, qui garde en ses eaux dormantes ses secrets, elle est énigmatique. On avance en pays inconnu.

Krokine - Parce qu'avec vous, c'est certain, c'est clair. Trop clair même quelquefois…

Grök - N'empêche que c'est déstabilisant, une femme barrage. On ne sait pas ce qu'il y a derrière. Comment s'y prendre, l'angle d'attaque pour y aller voir, tout ça. Bref, on cherche où mettre le marteau-piqueur pour attaquer sur son point faible cette sorte de forteresse…

Krokine - La forteresse, je comprends…

Grök - A la réflexion, c'est un mauvais exemple, car c'est d'un barrage dont il s'agit. Une forteresse offre elle quelques ouvertures, un pont-levis, des échauguettes, des mâchicoulis… Pas un barrage.

Krokine - Stop ! On ne comprend plus rien. Revenons au barrage : il laisse passer de l'eau quand même…

Grök - Très peu, c'est juste pour dire (une histoire de niveau) ou pour des raisons hydrauliques… La femme aussi laisse passer quelques petites choses, mais très peu en vérité. Pour en savoir plus, il faut de la ténacité et de la persévérance…

Krokine - Et ce ne sont pas ces qualités qui vous étouffent. Bon, on avance ? Ton barrage, il en est où ?

Grök - Donc, l'homme attaque ce fameux barrage par tous les moyens mis à sa disposition. Il est gentil, attentionné, prévenant, doux, la complimente, l'étonne, la fait rire ou sourire, bref il séduit…

Krokine - Il est surtout cauteleux !

Grök - Si tu veux (pas compris).

Krokine - Bref, il utilise son ridicule petit marteau-piqueur dans tous les sens, un peu partout, pour trouver la faille qui va la faire tomber. Ah, ça me dégoûte…

Grök - Mais ça marche !

Krokine - C'est bien ça qui me dégoûte. Pauvre femme naïve!

Grök - Tu n'étais pas loin avec ta " faille ". Effectivement, l'homme cherche la faille. Et quand il l'a trouvée, il fonce. Il l'agrandit, l'élargit, l'ouvre de plus en plus afin de s'y engouffrer.

Krokine - La femme a du mal à résister au romantisme, on le sait bien. Il profite de sa faiblesse sur ce point, voilà tout.

Grök - Son point faible, voilà ce que je cherchais ! Il trouve son point faible, et voilà, c'est gagné. Y'a plus qu'à ! Enfin, c'est ce qu'il croit…

Krokine - Ah, enfin une bonne nouvelle ! Il se fait avoir, le cauteleux ? Elle le jette ? Il repart avec sa médiocrité ? Sa vie insipide ? Son sexe tout petit ridicule inemployé ?

Grök - Mais non ! Et puis dis donc, tu sais ce qu'il te dit " son sexe tout petit ridicule inemployé " hein, tu sais ce qu'il te dit ?

Krokine - Il dit sûrement quelque chose, mais il ne le dit pas fort, il n'en a pas les moyens… Continue plutôt, cela t'évitera de te rendre une fois de plus ridicule.

Grök - Je préfère surseoir, mais ma haine est latente…

Krokine - C'est ça, continue je te dis.

Grök - Bon, j'en étais à quand il a trouvé la faille et qu'il pense avoir gagné, tout ça. Et c'est là où il est submergé, le pauvre.

Krokine - Submergé ?

Grök - Englouti, devrais-je m'exprimer. Il prend une immense, formidable, tétanisante masse d'eau de besoin d'amour inassouvi sur la tête. Il suffoque sous l'avalanche de sentiments, perd pieds dans les tourbillons tentaculaires d'une sensualité enfin débridée…

Krokine - Sois plus clair.

Grök - Bon. La fille, froide, distante au début, rend les armes. Le barrage s'est fendu. Et quand un barrage est fendu, il lâche tout. Donc, la femme inaccessible devient aussitôt une furie, aimante certes, mais qui en demande trop, trop d'un coup…

Krokine - Cela devrait vous arranger. C'est ce que vous cherchez, non, que l'on vous aime.

Grök - Mais c'est trop vite, trop fort, trop immédiat. Cela fait trop peur, cette exigence !

Krokine - Pauvre chou ! Tu aurais préféré qu'elle t'offre son petit corps d'amour sans rien te demander. Une gourdasse en quelque sorte…

Grök - Pas du tout. Enfin, ce que je veux dire, c'est que ce n'est pas parce qu'elle est séduite (je la comprends remarque) qu'elle doit me demander d'être présent tout le temps, de faire des concessions, des projets… C'est trop !

Krokine - Donc, j'ai raison : tu fais tout pour la rendre amoureuse, et ensuite, tu n'assumes pas.

Grök - C'est vrai, je n'assume pas son passif amoureux. Je ne veux pas recevoir sur la tête les mois ou les années de frustrations amoureuses…

Krokine - Doucement, espèce de lâche ! Tu ne te sens pas médiocre à dire et surtout à penser des choses pareilles ? Ose encore une fois médire sur la pauvre petite abjectement séduite et je te brise un os sur le crâne, et un gros !

Grök - Mais nous aussi, nous avons besoin d'amour !!! Mais nous sommes plus… mesurés, plus… en intériorité… en pudeur… Nous aussi, nous sommes des barrages…

Krokine - Laisse-moi doucement rigoler… Un barrage, toi ? Un labyrinthe oui ! Ouvert à tout vent ! N'importe qui peut entrer chez vous, dans votre simili cœur. Mais pour en sortir, c'est une autre histoire !

Grök -Tu vois, tu le dis toi-même, c'est dur de sortir de notre coeur car il est gros comme ça !

Krokine - Gros comme l'os que je vais te briser sur le crâne, oui ! Ah je rage ! Ah j'exclame ! Tu sais pourquoi il est dur d'en sortir, de ton cœur ? Parce qu'il n'y a rien, un labyrinthe vide c'est, ton coeur ! On a beau chercher, on n'y trouve rien. Pas une parcelle, une once, un exemple de sentiments. Rien ! Ton cœur est vide, vide, vide… Et nous, on erre, on erre…

Grök - Ne te fâche pas… En cherchant bien… dans les coins, je suis sûr que…

Krokine - Fuis ! Hors de ma vue ! Crapule !

Grök - Bon, je file te préparer un petit café.

Krokine - Voilà tout ce qu'il trouve à dire : " Je vais te préparer un petit café ". Et c'est ça l'homme d'aujourd'hui ?! Pfuitt !