Les hommes, que disent-ils des femmes ?

Krokine - Fais-moi un plaisir, Grök, raconte-moi ce que disent les hommes des femmes quand ils sont entre eux...

Grök - Tu veux parler de ce je pense, moi, par exemple, des femmes...

Krokine - Non, j'ai dit des hommes ! Prends des exemples d'hommes entre eux...

Grök - Mais c'est exactement ce que je voulais faire...

Krokine - Sois gentil, ne pense pas. Choisis un aréopage d'hommes représentatifs et raconte, c'est tout ce qu'on te demande...

Grök - Ne crois pas que je veuille noyer le poisson, mais c'est difficile à exprimer, ce que tu me demandes, donc, je voulais intervenir en nom propre pour...

Krokine - Non, je veux du brut, de l'authentique, du saignant. Nous, les femmes, on en a assez de l'édulcoré, du mièvre, raconte ce que vous dites VRAIMENT quand vous êtes seuls, entre vous...

Grök - Arrête de me faire ces yeux-là, tu me fais peur !!!

Krokine - Bon, je me retourne. Vas-y, je t'écoute.

Grök - Eh bien, cela peut paraître paradoxal, mais les hommes entre eux sont d'une part très crus, très vulgaires, voire désastreux dans leurs descriptions des femmes et de ce qu'ils en font, mais d'autre part ils peuvent être touchants de sentimentalité, voire de détresse amoureuse...

Krokine - Va plus loin, tu m'intéresses. Donne des exemples.

Grök - Bon, tu l'auras voulu. En général, les hommes surenchérissent sur leurs prouesses amoureuses. Cela donne : "Je te dis pas ce que je lui ai mis ! Elle va plus s'asseoir normalement pendant 8 jours. J'irai même plus loin : J'ai un peu peur de lui avoir cassé une côte."

Krokine - C'est bien les bonhommes, ça !

Grök - Et son pote : - Tiens-toi ! La mienne, je l'ai telle-ment éclatée, j'te jure, elle avait peur de mourir. Je l'entendais entre deux orgasmes qui priait : "Seigneur, si je te rejoins là maintenant, pardonne-moi mes péchés" et hop, elle criait « Encore, encore !! » Ensuite, elle s'est mise à genoux, mais pas pour prier, si tu vois ce que je veux dire. Eh eh, tu vois ? Hein, tu vois ? Ha ha !

Krokine - C'est fin, en effet, c'est très fin... Et les sentiments, dans tout ça ?

Grök - Cela vient après. Dans un deuxième temps. A un moment, l'un s'épanche : « Tu sais, tout ça, ça ne me fait pas oublier Giuletta. Toutes ces pétasses, en fait, je m'en fous. Giuletta, j'y pense tous les jours, et j'ai mal. Si tu savais ce que je donnerais pour... pour... »

Krokine - Pour quoi ?

Grök - POUR QU'ELLE REVIENNE, TIENS !!!! Tu ne comprendras jamais rien à la sensibilité des hommes, toi !!! Il est là, devant toi, là, en train de chialer, et toi tu me demandes naïvement pour quoi? Tu oses me demander ça à moi, un homme qui ressent dans toute sa chair et sous tous ses poils ce que subit ce pauvre petit bonhomme fragile sous son écorce amincie par le chagrin inexorable qui le mine depuis des mois voire des années et qui jamais ne le quittera car l'amour l'a quitté, oui, il l'a quitté...

Krokine - Bon, il l'a quitté, son amour. Admettons. Mais ce n'est pas pour ça que tu dois te mettre dans ces états...

Grök - Mais tu ne comprends rien à rien !? La détresse palpable de cet homme me bouleverse. D'ailleurs, boule-verse, ça me fait penser, j'ai une boule là, en travers de la gorge, et verse, verse-moi donc un petit verre, juste pour dire...

Krokine - Tu ne vas quand même te mettre à boire pour une inconnue ? D’ailleurs, dis-moi, tu la connais, toi, cette Giulietta ?

Grök - Misérable petite femme de peu. Nous, hommes, nous avons tous une Giulietta dans le cœur... TOUS, tu m'entends ! Comprends-tu mieux, maintenant, pourquoi l'homme est tendre et sensible comme une salade croquante de printemps fraîchement cueillie ?

Krokine - Eh bien, la salade craquante, elle va être toute gentille et aller se coucher sans faire d'histoire, non, sans la bouteille, et faire un gros dodo pour oublier tout ça...

Grök - Cro... croquante, pas craquante...

Krokine - Lapsus révélateur, mon petit Grök, lapsus révélateur...